La Tour de Buzay - Abbaye Notre-Dame de Buzay
Situés sur la commune de Rouans (44), les vestiges de l’Abbaye cistercienne de Buzay ne laissent plus apparaître qu’une vieille tour du XVIIIè siècle. Elle veille désormais sur la vaste étendue des marais du bord de Loire, à proximité du Canal de la Martinière, et constitue le logis favori des corneilles et des ronces qui peu à peu la gravissent.
Comme une vieille dame solitaire, la tour de Buzay reste fièrement ancrée là où se dressait jadis l’un des monastères les plus puissants du royaume de France.
Bien des vicissitudes ont précipité la destinée de l’Abbaye depuis sa fondation.
Elle fut fondée par Saint Bernard de Clairvaux en 1135. Dès l’année suivante, une première communauté d’une douzaine de moines s’y installe. L’ordre cistercien est alors en pleine expansion.
L’abbaye va rapidement devenir très riche, grâce au commerce du sel, aux octrois sur le trafic commercial sur la Loire et aux nombreux dons en terres et en biens.
Durant la guerre de cent ans, elle fut à plusieurs reprises ravagée par les bandes anglaises. La guerre de succession de Bretagne, dans la deuxième moitié du XIV° siècle, est la première grande épreuve pour le monastère.
Les bandes partisanes par leurs raids et leurs pillages amènent en Pays de Retz quelques pointes de la Guerre de Cent Ans. Les grands capitaines anglais débarquent dans la « Baie de Bretagne » (Bourgneuf).
En 1342, Gauthier Huet tient le pays et s’acharne contre les seigneuries prospères. Buzay étant à toute proximité d’une grande voie de communication, ses bâtiments sont à cette époque visités et saccagés régulièrement. On ne dit même plus l’office vers 1370.
Mais dès que le conflit devient moins âpre, et que Duguesclin eût canalisé l’écorcherie anglaise vers la Catalogne, l’Abbaye se relève bientôt et avec obstination reprend son travail de restructuration foncière.
Elle connut à nouveau l’opulence au XVIIIè siècle après le dessèchement systématique des marais de Loire.
Durant la révolution française, lors des guerres de Vendées, l’abbaye de Buzay fut détruite par le feu.
Les journées de juillet et d’août 1789 ne furent guère ressenties à Buzay. L’aspect parisien des premiers troubles, la lenteur des communications et l’implantation rurale de l’Abbaye expliquent ce décalage chronologique. Il fallut attendre le printemps de 1790 pour que la Nation lance ses premiers harpons sur le monastère.
Tous les moines prêtèrent serment à la République, sauf un seul. On les retrouva curés de Corsept, Vue et St Donatien de Nantes... Les terres tombèrent à l’abandon. Dans les marais, les douves n’étaient plus nettoyées et un grand nombre de levées s’affalèrent, les vignes de l’enclos n’étaient plus taillées.
La guérilla vendéenne débutait. Le site de Buzay, point stratégique à proximité du fleuve, était convoité. Le 9 juillet 1793, le Directeur de la Régie des Domaines de la République fit installer 1 200 hommes dans les bâtiments du couvent pour sauvegarder la fenaison.
Les Vendéens se résignèrent en 1795, à incendier l’Abbaye pour supprimer cette garnison républicaine. Une année plus tard, un certain Jacobi acheta les ruines pour 40 000 livres et en fit une réserve de pierres.
L’abbaye de Buzay avait vécu 660 années.
Seule subsiste aujourd’hui la tour qui sera reconstruite à la fin du XVIIIè siècle.
Ses cloches seront transférées dans la cathédrale de Chartres, l’autel en marbre d’Italie sera déposé dans l’église Saint-Louis de Paimboeuf, la chaire se retrouvera dans l’église Saint-Pierre de Bouguenais et du mobilier (dont le plus ancien crucifix du Pays de Retz datant du XIVè siècle) dans la chapelle Sainte-Anne de Tharon-Plage.